Cet article constitue un ajout complémentaire à la démarche de mon livre intitulé Les Mécanismes de la Pratique Magique, publié aux éditions Alliance Magique. Il revêt une importance primordiale et nécessite une compréhension approfondie, étant donné l'utilisation de concepts et de termes complexes. Afin de faciliter la lecture, chaque terme et concept est assorti d'un lien hypertexte permettant d'en obtenir la définition en cliquant sur les mots en bleu soulignés.
Il est notoire qu’il y ait une confusion fréquente entre la magie avec la religion, la spiritualité et la superstition et elle n'est pas fortuite, car chacune de ces pratiques ont des antécédents communs. La magie s'est souvent appuyée sur d'autres pratiques pour évoluer, se compléter, voire se copier. Au fil du temps, les représentants de chacune de ces pratiques ont établi une division qui s'est normalisée. Malheureusement, les intérêts ont souvent été plus forts que l'honnêteté, ce qui a conduit à jeter la pierre sur son voisin plutôt que de reconnaître que chacun exprime la même chose à sa manière. Aujourd'hui, la magie reste l'héritage de multiples croyances religieuses, systèmes spirituels et concepts variés, pour le meilleur comme pour le pire.
Outre les représentations stéréotypées, l'impossibilité de parvenir à un consensus sur les mécanismes de la pratique magique empêche l'émergence d'un corpus d'études unifié. Encore aujourd'hui, le précepte du "chacun sa vérité" permet à toute forme de remise en question ou d'ouverture d'esprit d'être facilement écartée, préférant se replier sur sa propre vision sous de faux-prétextes de gentillesse qui sont trop souvent pardonnés. Il est donc plus que jamais nécessaire d'adopter une approche plus sérieuse de la magie, basée sur des faits vérifiés méthodologiquement plutôt que sur des affirmations issues d'idéologies irréfutables ou des fantasmes de personnes en quête de merveilleux.
Les pratiques magiques sont enracinées dans des systèmes initiatiques ou dévotionnels et ont peu à peu perdu leur utilité en tant que discipline énergétique en dehors des traditions. Qu'ils aient tort ou raison, cela n'est pas le sujet de cette discussion. Toutefois, il est essentiel de rétablir un juste équilibre pour en tirer le meilleur parti. Pour y parvenir, il convient de distinguer le bon grain de l'ivraie dans le discours des prédicateurs en utilisant diverses méthodes telles que l'entretien épistémique, entre autres, afin de s'éloigner de la pensée magique qui ternit cette discipline.
Il est également important de distinguer le savant, le connaisseur, le croyant, le pratiquant du véritable praticien, afin d'aller au-delà de l'idéologie de l'innéisme, qui est souvent un écran de fumée proche de l'eugénisme. Par la suite, il convient de dépoussiérer les concepts archaïques liés à la rituelie, sans pour autant être misonéiste ou philonéiste, ni conformiste. Cela permettra d'éviter les fausses interprétations et les risques d'erreur de compréhension du concept performatif ou encore des rationalisations monocausales.
En fin de compte, il est indispensable d'adopter une méthodologie de recherche expérimentale rigoureuse, en s'éloignant des caricatures pseudo-scientifiques, pour parvenir à une approche des principes phénoménologiques de l'énergétique tout en se gardant du doute hypercritique.
L'instauration de cette rigueur ne peut que contribuer à l'avancée et au progrès des pratiques magiques.
Il convient en premier lieu d'examiner attentivement les propos tenus par les professionnels en question. Il est fréquent d'entendre ces derniers mettre en avant leur sincérité, leur franchise et leur honnêteté, cherchant ainsi à convaincre le consultant de leur intégrité. Cependant, il est primordial de se méfier des raisons fallacieuses telles que "on a toujours fait ainsi", "c'est la tradition" ou pire encore, "on dit que...". Le praticien doit présenter une argumentation logique et cohérente, basée sur des preuves tangibles, afin de gagner la confiance du client. Toutefois, la simple présentation d'un enchaînement de prémisses n'est pas suffisante, car elle ne permet que de produire des syllogismes. Il est essentiel de démontrer la fiabilité des prémisses ainsi que de la conclusion, en s'appuyant sur des faits. Même si, comme dans le domaine religieux, il n'existe pas toujours de preuves tangibles, il est possible d'utiliser une démarche de rationalisme critique pour apporter certains éléments d'analyse, même s'il convient de les considérer avec prudence. À ce jour, seule la méthodologie d'argumentation en logique formelle et informelle permet de réfuter efficacement des discours captieux. Malheureusement, ce type de discours est employé aussi bien par des praticiens sincères (qui utilisent des paralogismes) que par des pseudo-praticiens véreux (qui ont recours à des sophismes). Ces arguments ont tendance à être facilement acceptés par notre cerveau, comme le montre la théorie argumentative du raisonnement, qui nous conduit souvent à privilégier des options faciles à justifier plutôt que des solutions préférables.
Pour se défaire de ces discours trompeurs, il existe deux méthodes. La première consiste à les démonter, en justifiant avec des faits les idées en question, soit pour prouver leur vérité, soit pour les réfuter. Toutefois, cette méthode peut être contre-productive et ne convainc souvent pas les croyants les plus engagés. Afin d'écarter définitivement les fausses croyances, il est nécessaire d'éviter l'effet de réactance, qui peut être provoqué par une surabondance de preuves contraires. Cette réaction peut renforcer les croyances de l'individu concerné. Pour éviter ce piège, il convient d'utiliser une méthode d'entretien épistémique, qui s'inspire de la maïeutique socratique. Cette technique repose sur une écoute active, une reformulation des propos tenus et une analyse accompagnatrice, loin des débats stériles et des rectifications frontales. Bien que ce processus soit long et difficile, il peut s'avérer très efficace lorsqu'il est associé à des phases de débunkage.
Deux méthodes ont été employées pour éloigner la magie de la « pensée magique » engendrée par l'essentialisme. Cette dernière repose sur l'idée que chaque chose possède une essence et que des pouvoirs peuvent être attribués à des objets symboliques en vertu de croyances. Cette approche, similaire à l'animisme, altère la détection causale par une perception intuitive non raisonnée et sans lien de causalité, un phénomène courant d'apophénie. Elle repose également sur une confusion entre préjugés et évidences, comme l'illustre l'expérience du cube de Necker, qui peuvent être considérés comme des preuves. Sortir de ce raisonnement fallacieux et contradictoire est essentiel pour garantir l'efficacité de nos pratiques et favoriser une vigilance et une rationalité épistémique qui cherchent à mettre en correspondance les croyances avec les preuves. Cependant, cela ne suffit pas à fournir des preuves valides, car une croyance rationnelle n'est pas nécessairement vraie. Elle constitue simplement la meilleure hypothèse à la lumière des données disponibles.
La pensée magique est souvent employée par les partisans de l'innéisme, une idéologie proche de l'eugénisme qui attribue à certaines personnes des pouvoirs divins ou innés, justifiant leur désintérêt pour l'étude et la promotion de pseudo-connaissances douteuses. Ce discours est souvent utilisé à des fins de marketing, créant un écran de fumée pour les consommateurs de rêves, attirés par des personnes présentées comme possédant des pouvoirs magiques plutôt que par des praticiens ayant travaillé, étudié, expérimenté et s'entraînant sans relâche. C'est un effet glamour de la pensée magique qui repose sur l'argument fallacieux d'autorité.
Le rituel magique est couramment considéré comme étant intrinsèquement magique, ce qui est une erreur fondamentale d'attribution qui découle de l'essentialisme. Il est important de comprendre que les rituels sont des théâtralisations symboliques, un psychodrame, qui permettent au praticien de mettre son mental dans un état de conditionnement, en vue de générer de l'énergie subtile et de la "programmer" avec une intention correspondante à sa volonté. Pour parvenir à cette conclusion, il est nécessaire de comprendre les principes clés du rituel et de savoir distinguer entre le relatif (subjectif) et l'absolu (objectif), en particulier dans les ressentis énergétiques.
Cette compréhension est une base solide pour éviter les fausses idées attribuées à la synchronicité, un concept souvent utilisé de manière performative en utilisant une détection d'agentivité hyperactive et en appelant à l'ignorance, tout en prétendant à une acausalité simplificatrice. Ce concept repose sur une rationalisation des explications monocausales, mais il est important de rappeler que la synchronicité n'est pas une fausse causation, mais plutôt un phénomène complexe qui nécessite une analyse rigoureuse.
Permettez-moi de revenir sur le concept de relatif/absolu – subjectif/objectif. Les disciplines spirituelles, mystiques et ésotériques ont souvent tendance à mal interpréter ces concepts liés à l'expérience personnelle. Par exemple, si une personne ressent de la peur ou du dégoût (facteur B) en présence d'un élément A, cette personne peut en conclure que l'élément A est nocif en raison du facteur B. C'est un raisonnement fallacieux qui utilise le sophisme « non causa pro causa » en lien de contingence. En effet, cette personne utilise son ressenti personnel comme une vérité absolue. Pourtant, nous avons vu précédemment que la vérité ne peut être relative, sinon elle ne serait qu'une opinion. L'absolu, en revanche, est une réalité inhérente à tous, une notion indépendante qui suffit à elle-même pour exister.
Prenons de nouveaux exemples : si vous goûtez un verre de grenadine et que vous n'aimez pas cela, cela ne signifie pas que toutes les autres personnes devraient également ne pas aimer la grenadine ou que la grenadine est mauvaise pour l'être humain. Cette opinion est relative à vous-même. En revanche, si vous ingérez du cyanure, vous risquez de mourir rapidement si vous n'avez pas d'antidote. Cette situation ne dépend pas de votre opinion personnelle, mais est valable pour tous les êtres humains car le cyanure est un poison reconnu. La vérité est donc absolue.
La différence entre les deux concepts repose sur plusieurs principes, mais le principe de consensus est celui qui prévaut. Nous sommes tous d'accord car nous pouvons constater les faits et non les opinions. Ce principe est absolument nécessaire pour éviter les erreurs fondamentales d'attribution en magie et en énergétique. Pour y parvenir, il est impératif de mettre en place des protocoles de recherche qui nous permettront de progresser dans la répartition des effets et des propriétés causales afin de résoudre le célèbre problème de Hume.
En outre, certains croyants s'efforcent de préserver leur foi en recourant à un artifice trompeur : la synchronicité. Toutefois, ils ne se réfèrent pas à la définition de Jung qui la restreint strictement à une interprétation personnelle de signes, physiques ou mentaux, reflétant les archétypes de notre référentiel personnel en réponse à une problématique inconsciente. Cette notion possède une valeur phénoménologique subjective relative à notre vécu et à notre ressenti personnel, ce qui justifie son utilisation dans la narration de nos idées. Cependant, les pseudo-praticiens détournent le concept à des fins objectives, en attribuant les signes à une origine divine, à des entités ou à un univers anthropomorphisé. Cette objectivation induit en erreur en laissant croire que le signe physique ou matériel est destiné exclusivement à une personne et exclut la possibilité que d'autres puissent également en percevoir la signification, ce qui constitue un biais d'échantillonnage. En effet, la polysémie de ce signe peut être tellement variable sur le plan sémiotique qu'elle peut devenir asémique. Par ailleurs, cette interprétation peut laisser penser que la signification de ce signe est formée par une entité externe à soi, ce qui est l’esprit bicaméral, une croyance abandonnée depuis longtemps et qui ne doit pas être confondue avec les principes de l'intuition non-locale ou encore de la médiumnité. En effet, notre cerveau est capable de détecter des agents, c'est-à-dire des signes physiques ou matériels auxquels nous attribuons du sens sans pour autant qu'il y ait un lien entre eux. Ce phénomène est appelé l'apophénie, qui est très courant aujourd'hui et est souvent employé à tort pour qualifier la synchronicité. En effet, 99% des personnes qui utilisent le terme synchronicité font en fait référence à l'apophénie. Ce phénomène est appelé le détecteur d'agentivité hyperactif et fait appel à l'acausalité en tentant de justifier les coïncidences comme signifiantes car elles suscitent l'intérêt. Cette argumentation s'appuie sur l'ignorance, un sophisme qui se fonde sur l'incapacité à justifier la signifiance pour conclure à la fausseté de l'hypothèse plutôt que de laisser ouverte la possibilité d'autres causes. En magie, cette interprétation se traduit par la croyance que les mouvements de la flamme d'une bougie ou les formes dans la cire fondue sont des messages d'une divinité voulant communiquer avec le praticien pour lui signifier que le rituel fonctionne. Cette conception est illusoire car elle nie que l'explication monocausale est une rationalisation.
La théorie monocausale implique l'attribution d'une seule cause à chaque phénomène. Il est courant pour l'être humain de préférer les croyances, les idéologies et la pensée magique plutôt que les sciences, avec leurs incertitudes, leurs marges d'erreur et leur nature conditionnelle qui parfois soulève plus de questions que de réponses. Les explications les plus simples répondant à nos questions nous charment et nous donnent l'impression d'avoir raison. Cependant, cela n'est que de la rationalisation dans le sens de Descartes, et non un principe de parcimonie. Cela revient à fermer les yeux sur les différentes possibilités et causes possibles. Dans l'occultisme et l'ésotérisme, les dogmes sont rarement remis en question, principalement en raison du principe de l'analogie. L'analogie est un processus mental qui nous permet de remarquer des ressemblances entre des choses différentes. Cependant, ces ressemblances sont partielles et ne sont pas nécessairement liées par une cause à effet. Elles peuvent devenir des prototypes qui sont comparés à d'autres choses. Bien que certaines personnes affirment le contraire, l'analogie n'est pas inférieure à la comparaison ou au symbolisme. Une analogie est une fonction multivaluée, car elle associe une chose à une autre, principalement pour résoudre une aporie. Cependant, l'ésotérisme confond souvent l'analogie avec les symboles, les comparaisons et les métaphores, créant ainsi des connexions acausales et usant d'erreurs de proportion. À la manière des scholastiques qui traitent également la fonction intuitive de l'intellect, qui est une confusion typique chez les personnes qui n'ont jamais étudié les analogies et les correspondances. Cela est souvent lié à la pensée magique et à l'essentialisme. Il est important de rappeler que l'usage de l'analogie et des correspondances ne sert qu'à créer une syntaxe symbolique pour donner un sens à des objets dans notre psychisme, et non à établir des liens de cause à effet. Il est donc essentiel d'adopter une méthodologie de recherche expérimentale en magie et en énergétique pour comprendre les mécanismes et les propriétés intrinsèques de ces phénomènes, sans tenir compte des croyances.
La méthodologie de recherche expérimentale repose sur divers outils et protocoles permettant d'étudier chaque domaine sous différents angles. Bien que la méthode scientifique n'élimine pas complètement la subjectivité ou le relatif, elle l'isole dans les domaines où cela peut fournir des réponses. Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale à l'Académie des sciences, souligne dans son ouvrage Le Code de la Conscience aux éditions Odile Jacob :
« [De même que] la psychologie expérimentale, [nous devons] concevoir de nouvelles manières de mesurer l’introspection aussi précisément que possible [en s’éloignant des dogmes béhavioristes en consistant] à traiter ces rapports subjectifs comme des données brutes ».
Les sciences humaines, telles que l'Histoire, la sociologie, l'anthropologie et autres, fournissent des informations essentielles sur les croyances humaines à différentes époques, sur la diffusion des croyances, ainsi que sur la manière dont les êtres humains réagissent face à ces croyances. Toutefois, les sciences humaines ne fournissent pas de preuves quant à la validité de ces croyances (à l'exception des faits objectifs de l'esprit), ni de constatations formelles ou de modèles théoriques pour expliquer ces phénomènes. Cette tâche revient à la méthodologie poppérienne, qui repose en grande partie sur une métrologie objective sans inférence des croyances ou des opinions des chercheurs, comme dans les expériences en double-aveugle.
Bien que de nombreux détracteurs existent, ils n'ont pas été en mesure de fournir des éléments reproductibles pour réfuter la magie expérimentale. Au lieu de cela, ils créent un homme de paille, un sophisme qui déforme intentionnellement la nature de la magie expérimentale. Cette dernière cherche simplement à comprendre les causes des phénomènes énergétiques afin de les maîtriser, sans tomber dans l'extrême mécaniste et en utilisant le doute de manière raisonnable.
La méthode scientifique est souvent considérée comme incapable d'expliquer les phénomènes magiques, énergétiques ou spirituels. Toutefois, les praticiens de la magie expérimentale et les zététiciens, bien que s'opposant en partie, s'accordent sur la possibilité d'utiliser cette méthodologie. En effet, dès lors que l'ésotérisme affirme qu'une action dite ésotérique peut produire un résultat, il est possible de mesurer facilement si cette action a connu beaucoup de succès ou non. Pour le moment, seuls les éléments constitutifs des pratiques peuvent être mesurés, mais pas la pratique dans son ensemble, en raison du grand nombre de variables qui ne peuvent être contrôlées. Toutefois, l'étude de chaque élément et principe distinctement permet de composer avec plus de précision une pratique globale qui pourra peut-être être étudiée ultérieurement en protocole. De même, le taux vibratoire est une forme de mesure fréquemment évoquée en ésotérisme, de sorte que dire que la magie et l'énergie ne peuvent être mesurées constitue un argument fallacieux. Le fait que personne n'ait réussi à démontrer leur existence à ce jour ne signifie pas qu'ils n'existent pas. En effet, l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence et il convient d'utiliser avec pertinence le rasoir d'Ockham qui préconise de privilégier l'hypothèse la plus simple et la plus suffisante.
La magie expérimentale ne cherche pas à écarter les traditions, les systèmes ou les croyances, mais plutôt à favoriser le progrès dans les disciplines. Ce sont les dogmes qu'elle réfute, et c'est là qu'elle rejoint la Chaos Magick qui n'est pas encombrée de dogmes et qui est fervente du saut paradigmatique. Leur seul point commun réside dans le rejet des dogmes, car si la Chaos Magick est bien intentionnée, elle est cependant dogmatique à bien des égards. Bien que les outils de mesure ne soient pas encore suffisamment fiables et objectifs aujourd'hui, la méthode et la reproductibilité des résultats démontrent que la magie expérimentale est sur la bonne voie, comme en témoigne la Panergologie. Il existe de nombreuses formes de recherche et autant de ramifications, mais personnellement, je m'intéresse à toutes les formes proposant des protocoles fiables et conformes à l'épistémologie des sciences.
Les présentes investigations produisent des éléments probants qui démontrent une succession de prémisses valides, permettant ainsi l'établissement d'une conclusion logique. Cette démarche conduit à la mise en place d'un modèle de représentation des principes et des mécanismes sous-tendant l'énergétique et la magie. Cette approche favorise l'évolution de la pratique en la rendant plus efficiente et plus concrète, tout en évitant les écueils de l'empirisme et de la phénoménologie. Elle permet également d'ajuster nos ressentis personnels afin d'obtenir des résultats plus probants. Cependant, il s'agit d'un processus ardu et rigoureux qui requiert de ne pas prendre pour argent comptant toutes les informations que l'on peut entendre ou croire. En définitive, l'objectif est de permettre à la magie et à l'énergétique d'accéder au statut de science.
La magie expérimentale n'a pas pour finalité de supprimer ou de ridiculiser la croyance, mais plutôt de l'utiliser avec parcimonie. Ainsi, lors d'un rituel dévotionnel, elle ne va pas à l'encontre des preuves de respect envers les entités ou divinités vénérées. Elle vise simplement à améliorer l'utilisation des outils constituant le rituel. La magie expérimentale adopte une attitude de doute raisonnable en toutes circonstances, sans toutefois encourager un doute hypercritique. Elle encourage plutôt à douter du doute en employant des méthodologies de logique formelle et informelle pour déterminer les limites de l'analyse, afin d'éviter de tomber dans les sophismes. À cet effet, elle met en place le principe de parcimonie, également appelé rasoir d'Ockham, pour examiner les théories, sans recourir à des hypothèses ad-hoc excessives. Ces ressources ne peuvent que contribuer à l'avancement de nos disciplines vers le progrès. En revanche, il convient de se prémunir contre certains scientifiques obtus qui utilisent le rasoir d'Ockham comme prétexte pour rationaliser des explications monocausales, évitant ainsi d'approfondir leur recherche au-delà de l'hypothèse qui leur semble la plus satisfaisante. Ces chercheurs tombent ainsi dans les mêmes pièges dogmatiques que les croyants ou praticiens de l'ésotérisme.
L'humilité épistémologique qui caractérise l'esprit critique ne constitue en rien une entrave au progrès de la magie. En effet, comme l'a justement affirmé Jean Rostand : "N'y aurait-il qu'un atome de vérité, il serait d'un tel prix, et de nature à entraîner une si profonde révision de nos valeurs intellectuelles qu'on ne peut louer assez ceux qui s'efforcent de l'extraire".
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